La vie
La vie est issue des microbes. Les bactéries nous constituent. Nous en comptons davantage dans notre corps que le nombre de nos propres cellules humaines …
C’est un virus qui est à l’origine de la fusion ovule – spermatozoïde, passage d’une reproduction par division d’une même cellule à une reproduction par fusion de deux cellules différentes.
C’est bien un virus qui nous a permis de passer du stade d’ovipare au stade de mammifère. Une molécule particulière permet la fusion de l’oeuf avec la paroi de l’utérus et aussi l’apparition d’une nutrition placentaire.
Cette évolution a pour objectif le partage des patrimoines génétiques, une vie plus riche, plus complexe aussi, débouchant sur la vie humaine.
Cette intervention virale permet aussi à la mère d’accepter en son corps le développement un être qui est, d’un point de vue immunologique, différent à 50%, sans toutefois le considérer comme corps étranger.
Notre corps humain est une colonie de vacances où s’épanouissent des centaines de milliards de microbes en tous genres ! Ils influencent nos comportements pour se garder en contact avec leur environnement. Sans échanges, ce monde s’effondre, la rupture ne permet plus la réorganisation nécessaire face à l’ensemble, alors la maladie apparait.
La rencontre avec les virus nous permet d’évoluer, de nous mettre à jour, de devenir des meilleurs versions holistiques de nous-même … les maladies infantiles en sont la démonstration.
Cette force de vie qui se joue est en harmonie, visible, avec la Terre, au niveau macroscopique, et invisible, avec les microbes, au niveau microscopique.
Elle a mis 4 milliards d’années pour s’organiser. Tous les composants communiquent pour se conserver en équilibre, dans l’impermanence, le mouvement. Parfois, des batailles se déclarent entre différents partis et au bout du compte, nous observerons un nouvel équilibre naître, pour la survie et le bien de la Totalité.
Au sein de cette reliance, une intervention extérieure, une ingérence forcée sur l’un d’eux a un impact sur l’autre, indéniablement.
Imaginer détruire un virus, pour autant que cela soit effectivement possible, anéantit ce travail colossal indispensable à la vie et à l’équilibre universel.
Dans ces mouvements constants, l’alternance entre déséquilibre et équilibre, comme dans chacun de nos pas de bipède, crée le chemin, l’évolution.
Refuser le risque de chuter empêche d’avancer, négliger de se redresser engendre la pathologie, ignorer cette résistance conduit à la mort.
Plus nous résistons à la force de vie qui se met à jour, plus nous restons figés sur nos acquis, plus la bataille s’annonce sévère.
D’où la résistance de plus en plus grande des microbes face aux antibiotiques synthétiques. Leurs gènes deviennent de plus en plus forts pour contrer les attaques qui tentent de les éliminer. La globalité veut sauvegarder toutes ses parts pour l’équilibre du tout. Elle se défend donc de toute action destructrice aveuglée, exempte de discernement.
Ainsi, plus nous désinfectons notre environnement, plus nous nous coupons des mécanismes naturels de la force de vie. Et plus nous nous isolons d’une puissance intelligente qui sait nourrir, réguler, contrôler, dans un corps et un esprit sains.
La course au « risque zéro » détruit la vie, les invisibles sont nichés absolument partout : brosse à dent, peigne, tapis, éponges, torchons, gant de toilettes, matelas, rideaux, terre, ….
Les obsessions et les illusions d’une propreté absolue, qui ne l’est pas en fait, sont le reflet de la peur de la vie.
L’enfant qui touche, goute son environnement se développe avec et apprend à composer avec lui. Son cerveau et ses cellules spécialisées modélisent une réponse à chaque rencontre spécifique. Et ainsi, forcit son identité et la vie en lui car en chaque circonstance, celle-ci aura trouvé une solution.
Certaines bactéries sont indispensables à notre peau pour l’aider à conserver son intégrité. La lessiver à coup de gel hydro-alcoolique à répétition tue ce film protecteur et ouvre grand la porte à des attaques extérieures qui ne passeraient pas si notre peau était accompagnée de ces bactéries essentielles.
D’autres sont nécessaires à notre système digestif. Et la liste est longue pour tous nos systèmes.
Ainsi, cette cohabitation fait-elle partie intégrante de notre mode de fonctionnement, impacte nos réactions, notre inconscient et contribue à la manifestation de ce qui agit en nous.
Combattre systématiquement et excessivement le virus jusqu’à son éradication revient à combattre une part de Soi !
Prendre soin de Soi au sein de son écosystème intérieur et extérieur, en paix, avec finesse, dans le respect des grandes Lois universelles, assure davantage une vie harmonieuse.
Reconnaitre la vie, qu’elle apparaisse à nos sens physiques ou perceptifs, la préserver, jouer avec la totalité, se déplacer avec elle, oser lâcher l’obsolète et aller de l’avant dans la transformation, s’accepter dans des versions évolutives, tout au long de son incarnation, font davantage la santé que d’imaginer avoir le dernier mot et la maitrise sur cette extra-ordinaire alchimie.
Prenez soin de vous naturellement.
Véronique Briqué