Rien
Elle ne vit pas sur le même temps que toi, elle meurt et elle vit des milliers de fois,
Sa douleur est multiple et une seule en même temps, dans un affreux bain de désarroi,
Pourtant, chaque jour, elle est là et elle croit.
Elle te regarde depuis un lieu que tu invites dans tes rêves,
Sans toutefois imaginer un instant sa réalité dans ta sève,
Les combats incessants chassant tes démons, sans trêve.
Elle remue tes tripes comme une furie, inlassable, t’espérant la guérison,
Convaincue de ta résilience, un jour de Lune, libéré du poison,
La fatigue transmutée en carburant, écrasée par l’amour sans raison.
Elle dilapide son énergie aux quatre coins de ta planète irréelle,
Une Terre pour laquelle l’Homme n’inventera point de joyaux fidèles,
Lui, tellement Intéressé par l’attrait d’un Trésor plein de fiel.
Elle préfère te dessiner à la plume d’une étoile indocile, te rendant lumineux,
Pour que tu brilles de ton reflet, parmi les tiens encore malheureux,
Des envies germées plein la tête, prêtes à s’élancer vers les Cieux.
Elle pleure de temps en temps face à ta lâcheté puis se rappelle tes Origines,
Le chemin parcouru et l’absence d’un seul plan prétendu légitime,
Alors, redessine un sourire tendre en son âme libre et sauvagine.
Elle puise la nuit la substance vitale et inconnue dans le Cosmos,
T’en nourri le jour, invisible à tes sens, nourrissant tous tes os,
Et ton squelette incruste ce fluide universel en prévision de futures noces.
Elle te marie ainsi aux Eléments que souvent tu néglige ou oublie,
L’air indomptable souffle en toi la Joie, la Terre noire avale l’affaiblis,
Tes eaux chassent par la danse le stagnant et le feu découvre en chantant l’enseveli.
Elle contemple alors cet Être enfin éclos dans son absolue complétude,
Détachée de la fange aveugle de ses innombrables inquiétudes,
Qui ose enfin aimer autant le doute abyssal de son immortalité que sa finitude.
Ce n’est rien.
VB