Une plume s’est déposée sur mon épaule, je me suis redressée pour lui assurer une place confortable, sa caresse d’ange chuchotait, sur ma peau, le chant léger de l’oiseau ; j’ai souri, en silence, et sur mon souffle apaisé, elle s’est de nouveau, en dansant, joyeusement envolée ; je l’ai suivie de mes yeux sautillants, jusqu’à l’infini de mon souvenir,
Soudainement, une vague rafraichissante vint lécher mes chevilles, des frissons coquins surprirent mes jambes, et mes pas décidèrent de la bienséance d’une pause, s’enlisant avec délice dans le sable humide, doré et moelleux ; aussitôt, un minuscule crabe translucide voulut défendre sa place, je dérangeais son trajet ; sans délais, je m’écartai d’une distance de respect, curieuse du pouvoir de ce petit être évoluant de biais, d’apparence fragile,
Ainsi faussement immobile, mon regard brumeux s’élança vers le large, un nuage tombait inexorablement sur l’océan, moitié gris, moitié blanc ; bientôt, à sa rencontre avec la Terre, il nous abreuverait généreusement de ses eaux salvatrices ; mon âme entama le chant de louanges du présent, pour cet élixir de Vie,
Puis, un courant d’air salé dessina des épis dans mes cheveux, m’invitant à reprendre mon chemin, avant que ne s’abatte le prévisible déluge ; il s’agirait de me ravir des Éléments tout en me gardant à l’abri, me glisse t-il aux oreilles ; il est vrai, je ne suis pas de sucre mais je fonds si aisément devant la beauté de ce Monde…
D’un allant décidé, un sourire plus large que mes lèvres offert à mon cœur, j’impulsai ma densité, maintenant plus aérienne que cette plume, aussi fraîche que cette eau, emplie de vivance, et sage tel le vent ; qu’il est doux et délicieux, ainsi, de se balader avec insouciance, naturellement, entre amis.
Véronique Briqué