Dis-moi, Papi Nuage, pour quoi les gens, là-bas, font-ils comme si de rien n’était, comme s’ils ne savaient pas ?
Oooh, vois-tu, Angelo, ce n’est pas leur faute ni une maladie, ils sont juste inconscients, ça leur fait trop peur,
Mais alors, ne pourrions-nous pas les aider à se rappeler que tous les jours peut surgir leur trépas ?
Et bien, je perçois ton élan généreux, Angelo, mais cela ne serait-il pas faire ombrage à leur intelligence de cœur ?
Je ne comprends pas, Papi Nuage, car s’ils se rappelaient qu’ils peuvent mourir chaque jour, pour de vrai, ne vivraient-ils pas autrement ?
Je te dis, mon garçon, qu’ils le savent et l’oublient volontairement, préférant s’inventer une autre histoire, moins définitive,
Ooh, alors, Papi Nuage, est-ce à cause de cela que j’entends tous ces cris, que je vois toutes ces bagarres, aux quatre coins de leur planète échevelée, éventrée ?
Hum, je crois, oui… en partie… mais qui peut nous assurer que si l’humain se rappelait sans souffrir que sa vie est sous contrat à durée limitée, il la rendrait moins combative ?
Je ne sais pas répondre à ta question, Papi Nuage, mais depuis ma jeune expérience et mon amour pour la Vie, même très loin, de là où je suis, je voudrais les aider,
C’est une belle intention que voilà, Angelo, je ressens ton désarroi, je suis avec Toi, viens dans mes bras, partageons un câlin, veux-tu ?
Oui, oui, Papi Nuage, tout contre Toi, je me sens léger et libéré, mes pensées flottent, et moi, je suis dans cet instant, tout entier,
C’est ça, Angelo, l’intelligence de cœur que les humains expérimentent sur leur temps éphémère, parfois dans la paix, conscients, parfois dans la guerre, abattus,
D’accord Papi, c’est donc un choix de leur part, de préférer l’aventure fleurie de câlins ou parsemée d’embûches et de drames ?
C’est un peu simplifié comme vision, Angelo ; Nous autres vieux Sages Nuages, nous croyons qu’il existe toujours plusieurs chemins, en chaque endroit,
Et comment choisir le bon alors, Papi Nuage ? Comment savoir que sur celui-là, l’orage tonne et inonde le paysage et que sur celui-ci, la nature, les amis, sont pleins de charmes ?
Le cœur, Angelo, principalement le cœur, ambassadeur de ce qui est juste et bon pour chaque être doté de cette merveille, avec une pincée de courage quand cela ne va pas,
Papi Nuage, merci, je me sens mieux, je nous aime. Viens, je t’offre un câlin.
Véronique Briqué
Auteure de balades poétiques