Sommeil d’Eveil
J’ai dit non tout net à la face ahurie de mon père,
Ou plutôt à son énième insidieuse exigence,
Cette aubaine, clé de ma vicieuse prison délétère,
A éventré une naissance où régnait un odieux silence,
J’ai tourné le dos à ces faux-amis de toujours,
Inconscients exécuteurs d’une fidèle résonance,
Vendeurs fanatiques d’une forme conditionnée d’amour,
Pour clients éduqués à fonctionner avec leurs défaillances,
J’ai retourné à ma mère toutes ses innocentes histoires,
Et ainsi allégé la mienne des mensonges réfutés,
Puisqu’aucune vérité ne peut s’imposer sur quelque territoire,
Me voilà à redessiner a l’encre bleue les contours de mon intime propriété,
J’ai choisi qui, de ma famille, je gardais à mes côtés,
Sans plus de guerre intestine inutile imprégnée en mon cœur,
Que je préfère nourrir d’humble pardon, par le rituel d’aimer,
Avant celui de juger, osant, dans cette gageure, digérer colères et douleurs,
J’ai cessé de m’oublier devant l’attente naturelle de l’abandon,
Pour réécrire la liste vivante de mes besoins essentiels,
Décorés de caprices dorénavant validés sans condition,
Pour m’accueillir enfin, chaque jour un peu moins superficielle,
J’ai cessé d’emprisonner ma folle exquise créativité,
Permission accordée sans culpabilité, au risque de déplaire,
A tous ces autres que je croyais maîtres de mes propres idéaux rêvés,
Incapable toutes ces années de les planter moi-même en terre,
Je me suis déposée sur le sofa moelleux, les piles de l’horloge délogées,
Le temps s’est écoulé sans moi, en dehors de mon concept,
Aucune catastrophe crainte et annoncée ne s’est révélée,
Et soudain, l’illusion de la souffrance obligée se brisa, et avec elle, ses forceps,
Je me suis désinscrite de tous ces concours sans autre gain que ma propre fin,
Alors que le sablier requiert si simplement ma précieuse présence,
Fondu dans le feu de l’orgueil, j’ai sculpté le métal de ces riens,
En une flèche piquée au centre de chacune de mes instances,
J’ai poussé la porte d’inconnus pays, sans me charger de lourds bagages,
Prête à relever le défi de voyager en ces endroits de moi que je ne connaissais pas,
Osant partager aux bien~veillants curieux alentours mes ramages,
Enrichissant mon chemin de toutes ces rencontres et découvertes extras,
En ouvrant les yeux, j’ai mis un temps ralenti à comprendre,
Toute cette liberté intérieure, ces entraves débusquées,
Je venais de les visiter dans mon sommeil, à m’y méprendre,
Mais irrémédiablement, je sentais aussi que tout était prêt à germer,
Il me reste maintenant à permettre et à œuvrer,
Afin de jardiner au creux de ce défrichement,
Qu’il en soit ainsi, et pour cela, je peux disposer,
De mon être et de ma vie comme je l’entends,
Merci.
Véronique Briqué
Auteure de Balades Poétiques