Monde de ...
La scie circulaire fend la tôle ondulée
Et les oiseaux chantent entre deux étincelles
Le moteur lourd et souffreteux crache sa fumée
Et pétarade en montant la côte ardue dressée vers le Ciel
La machine à café sophistiquée siffle sans fin sa mise à jour
Et le client patiente au milieu d’une foule par la force réveillée
Les klaxons prétendent assurer une vigilance des alentours
Et le piéton sursaute à se fendre le cœur si brutalement agressé
Le jet-ski assomme la faune sous-marine assourdie
Pendant que le baigneur impuissant avale les effluves poisons
Le béton étouffe la terre vivante ensevelie
Et la graine germe dans les ridicules interstices sans fond
La cloche intempestive empli les couloirs de sons métalliques
Et rompt la douceur innocente d’une rêverie enfantine
L’homme éradique l’inconvenant pour du poli synthétique
Et voit naître d’autres stratégies naturelles plus malignes
Tu navigue, sourd, à l’aveugle, dans ce bruit et cette chimie de la mort
Arpentant, inassouvie, tes rêves d’herbe fraiche sous tes pieds
Cadeau précieux que cette planète verte et bleue hier regorgeant de trésors
Dont même l’eau aujourd’hui devient marchandise souillée
Puis un jour, merveilleuse synchronicité des âmes,
Tu reçois une invitation pour une retraite silencieuse
Ta famille t’appelle à voir autrement, à lâcher les blâmes
Et t’offrir une respiration détendue, plus rieuse
Te voilà au milieu de nulle part, calmée, renaissante
Dans l’étourdissement d’un air pur et riche de vie
À te souvenir d’avoir été trop longtemps absente
D’un regard amoureux du soleil autant que de la pluie
Des saisons éternelles qui hébergent le renouveau
Tu extrais maintenant les couleurs et le mouvement,
Permets au vent de glisser sur ta délicate peau
Et ressens, soulagée, ce Monde à l’évidence toujours bien présent.
VB