
Disperse-moi joyeusement, entre deux sanglots, aux vents des marées,
Que je puisse continuer, sur les courants, de danser follement,
Je respirerai la sève pénétrante de cette forêt de vieux et majestueux sapins noirs, témoins de ma naissance, et gardiens de mes cendres,
Tu appuieras ton dos sur le tronc rugueux de l’un d’eux, autant désespéré qu’en gratitude, fort de notre amour et de la promesse de nous garder libres, éternellement liés dans l’éther,
Je ne suis plus de chair, et maintenant partout, au-delà de nos consciences de Terre, absente des remous et dépositaire de mémoire aléatoire,
Quelque flottement hasardeux dans les airs, autour de Toi, qui perçoit l’invisible irréversible, poussé dans l’absolu de la Grande Loi,
Je ne disparaîtrai que dans l’oubli de ton cœur, dont chaque battement, aujourd’hui, explore l’atmosphère en quête d’un signe,
Pleure, mon ami, je brillerai dans l’eau de ta vie, et si tu veux bien, souris, chaque jour, je me balancerai aux coins de tes lèvres,
S’il te plaît, rendez-vous dans longtemps, je ne suis pas pressée, ma demeure ne compte pas les heures, empli les tiennes de ta présence,
Crois-moi, c’est le seul endroit qui vaille, n’attends pas, sois pleinement en Toi, respire paisiblement avec moi, depuis nos deux endroits, qui, je te le dis, n’en sont qu’un.
Véronique Briqué
Auteure de balades poétiques