
Cette incrédulité qui voudrait se montrer brave encore, torturée par les traces de ton propre poison, cette solution retord,
Une fausse innocence s’affiche sous mes yeux délavés et veut me prouver, dans un souffle de crânerie, combien tu dis t’affranchir de l’entrave,
La malice sursaute, ignorante de l’urgence, fait fi du verdict et me raconte combien tu es forte, de cette qualité blessante,
Celle qui t’a tenue jusqu’à aujourd’hui en mode survie, aucune faute, un système mal appris, qui ferme les portes face à la supposée menace,
Un programme plein de zèle ; La corde de ton harmonie, maladroitement, tressaute, dissone et te coupe les ailes,
Au bout du compte, abandonnée par ton énergie dilapidée à tenter tenir si désaxée, un matin, tu dépasse la dose, et tu tombes,
La nouvelle implose telle une bombe, enfin révélée à ton esprit résistant, son message circule maintenant dans ce sang gluant, tant mal-aimé,
Je t’accueille dans mes bras, sur mon cœur, et au-delà de cette sévère torpeur, je te reconnais, je sais qui tu es et je t’aime, de même,
Ton corps se déforme pour accueillir le trop-plein de toutes ces émotions endiguées depuis des décennies. Il craque en hurlant puisque ses chuchotements, hier, te laissaient indifférente,
Coupée en deux, le haut s’étouffe, les poumons privés de cet air frais du pardon ; non pas celui de la bonne conscience ou de la bienséance, non ;
Plutôt cet art unique de se préférer, au fil du temps, et de choisir se libérer du fardeau de l’inacceptable vécu sans ta permission, pour de nouveau respirer,
Tes jambes exsangues, glacées, ne peuvent plus fuir nulle part ; tu voudrais te cacher pour pleurer que les larmes dévaleraient tes joues avant de pouvoir te déplacer,
Le poids de la déconnexion d’avec « ce qui est » pèse sur ton bassin, ta base chancelle, l’équilibre est rompu et ta chair démissionne devant ton absence,
Tu me regarde avec compassion, je n’aurais pas de chance, selon toi, de vivre cela à tes côtés, et c’est à moi que tu demandes pardon, je voudrais en rigoler, au lieu d’en larmoyer,
Ta peau prend des couleurs que tu ne lui connaissais pas, une palette entre le bleu des profondeurs malades et le blanc livide de tout ce qui ne circule pas,
Je t’accueille dans mes bras, aux flancs de mon âme, et au-delà de tes douleurs et de ta pudeur, je te reconnais, je sais qui tu es et je t’aime, de même,
Tu doutes autant que tu crois, dans un balancement touchant, à fleur de sagesse arrosée de ton humanité, et j’oscille vaillamment avec toi,
Dans le désir d’être cet endroit de repos et de répit, pour ton cœur et ton esprit, je visite en silence les voyages de mon être vers cet donne inconnue,
Irons nous questionner les sphères d’où certains ne reviennent plus ? main dans la main, l’amour en bandoulière,
Partirons-nous plutôt en guerre contre l’évidence, le fusil du regret chargé et armé, prêt à rugir ses balles enfantines de rébellion ?
Qui de nous deux saluera celle qui reste ? Quand aucune ne veut l’honneur de poursuivre seule sa route, sur des chemins soudain dramatiquement déserts,
Peut-être nos passés connectés deviendront-ils le terreau de nos guérisons, alors que l’histoire verse dans un chapitre alarmant,
Courageusement, nous tentons de sauver cette croyance dans une tendresse gorgée d’inquiétude, la blague provocatrice au bout de quelques phrases empathiques,
Je t’accueille dans mes bras, le rire au bord de mes yeux humides, et au-delà de l’attachement, je te reconnais, je sais qui tu es et je t’aime, de même.
Véronique Briqué
Plume en balade poétique