
Je m’éloigne pleurer là-bas, au creux de cette familière forêt,
Non pour fuir, éviter, mais plutôt te cacher un peu de mon désarroi,
Et davantage encore pour traverser l’orage alignée et vraie,
Sans peser de mon ombrage sur ta soudaine et si attendue frêle foi,
Je partage avec toi, sans m’en charger, ce poids d’années abîmées,
Bien incapable, dans le dénuement, de t’offrir complet soulagement,
Quelques fois, oui, un allègement partiel pour ce cœur déchiré,
Par un début de vie piétiné à coup de mal-aimants,
Mais surtout une hargne que tu t’es imposée avec intransigeance,
Éventrée dans tes aspirations profondes d’enfant rêveuse,
Dépossédée d’un autre modèle possible dans une humanité de reliance,
Quand elle est logée dans la conscience d’une unique planète pour respirer heureuse,
Je te dis les mots sans filtre de mes grands écarts, d’esprit et de viscères,
Et je lis ton courage à vouloir servir un endroit nouveau de Toi,
Je prie la trame de reconnaître cette sagesse naissante et fière,
De résonner fort dans chacune de tes cellules aujourd’hui de guingois,
Que cet essor t’amène droit en ce lieu intime que tu refusais jusqu’alors,
Et te dépose sur le lit de ta réparation, essentielle à ce Monde,
La haine fondant dans le chaudron, sur le feu alchimique et exigeant vers l’or,
Celui de la transmutation ordonnée de ton être osant l’accueil de cet amour de Toi sans plus aucune honte,
Je flâne, posée de travers sur un rocher, libérant les larmes de peur et de résolution,
Mon corps à moi me raconte par ses tensions combien je dois, pour lui, respirer,
Plus que jamais en pleine présence, à l’affût de nos moments juste bons,
Osant les rires et le comique que seul permet, dans cette situation, l’affront de l’art d’aimer.
Véronique Briqué
Balade d’une plume poétique