
Quand c’est arrivé, que c’est déjà là, une surprise indésirable qui insiste puis devient une menace détestable t’imposant le non-retour,
Contrariant tous tes Plans, de ceux de l’âme, qui se chérissent, de ces projets vers lesquels tu imaginais, sans détour, l’instant d’avant, t’emmener joyeusement,
Un écho pénible qui refuse de quitter la salle de ta sérénité, qui envahi l’atmosphère jusqu’à la rendre irrespirable, te privant d’air dans le serrement terrible de ton cœur terrifié,
Alors que tu es encore dans le déni et la peur de cette évidence, persuadée d’être prisonnière d’un mauvais rêve, cet évènement tortionnaire creuse son désastre,
Aucun astre ne te vient en secours, pas plus que les suppliques à l’Univers, le Ciel soudain te parait étrangement loin, et la Terre bien trop gluante,
Te voilà en un éclair, submergée par le vide, ce néant que tu croyais léger et qui pourtant te ploie avec tant de menaçante facilité,
Courbée face à la nouvelle, privée de compréhension, tu veux juste crier NON, t’enfuir, devenir invisible à la souffrance, cachée au fond de tes larmes bloquées,
Car les retenir, c’est peut-être éviter que tout devienne, puis pour de vrai, s’enracine, envahissant d’épines tes poumons en détresse, sans plus jamais parvenir à les arracher,
Un temps de figement hors de toute conception tangible, préférer ce qui ment pour se convaincre d’être cette invincible, une Déesse à l’abri de l’inacceptable,
Repousser le moment ultime, dans la terreur d’en mourir à ton tour, noyée dans le torrent du chagrin qui rempli le réservoir de ton désespoir infini,
Les sens en ébullition brutale, tu crames tes réserves d’une vie que tu maudis depuis ; depuis que c’est arrivé, un dégât unilatéral survenu comme ça, crois-tu, petit oisillon perdu,
Tu te tiens, brave, t’estimant fière d’incarner, sur des sables devenus mouvants, une guerrière de l’ombre, mais dévastée d’avancer à reculons, toujours plus au fond,
Il s’agit d’un instant qui, indéniablement avance vers le plus noir de ton être de chair, et te pénètre subtilement en profitant de ton anéantissement, ton saisissement,
Parce que la Loi te garde dans la toile, quel que soit ta forme, ton état, elle te malaxe, brise tes aveuglantes normes, t’offre le Champs des Possibles dont tu ne veux pas depuis ta rage,
Saches que cette bascule t’emportera, au-delà de ta résistance, vivante ou morte, indifférente à tes doléances d’humaine anéantie par la douleur vive,
Elle te renversera, marchera sur tes pas, effacera ces vieilles empreintes que tu chérissais de souvenirs attendris, aux vents, elle diffusera les belles paroles, les rendant inaudibles,
La tête en bas, elle te forcera à regarder la vérité, jusqu’à t’étouffer dans tes sanglots silencieux, pour que tu les cries enfin, telles des gouttes de vitriol sur les serrures de ta prison,
Alors, un jour, dans ce renversement, tu te redresseras face à l’horreur, forte d’être en vie et sensible, connaissante de l’horreur et de la puissance que tu t’es autorisée à travers Elle,
Ton sang purifié fera le tour de tes vaisseaux pour faire voyager ta nouvelle version, renaissante, dans chacune de tes cellules,
Oui, par cette bascule, tu resteras là, Toi, dans une dimension marquée par l’épreuve, mais tu auras saisi la plume pour choisir les mots nouveaux, les enluminures sur ta peau tatouée,
Tu sais ; un jour, c’est arrivé, pour toujours ; et par-delà la tempête infernale, et les flots du danger, tu as trouvé la voie pour te grandir dans l’amour de ta vulnérabilité,
Je te vois, aux intersections sur la grande trame, tu es maintenant aigle dans un ciel que tu touches du doigt, les serres pleines d’une Terre redevenue nourricière,
Je te dis merci, l’amie, pour cette offrande, cette majesté.
Véronique Briqué
Plume en balade poétique