
Combien vaut ce temps de vie quand il menace de te fausser compagnie,
Vaut il davantage parce que soudain devenu denrée comptée ?
Te fuit il aujourd’hui parce que tu croyais en disposer à ta guise, sans conscience ni préavis ?
Lui accordant une estimation précieuse seulement sous condition de pouvoir sans réserve le gratifier ?
Combien vaut ce temps quand la saison en cours pourrait être ta dernière ?
Les cueillettes prochaines, ordinairement parfumées et enjouées, brutalement effacées du calendrier,
Les cycles habituels réduits à une maigre ligne droite aux répétitions rompues, gardant toute perspective prisonniere,
La saveur de ces fruits aimés réservée dans tes souvenirs maintenant concédés comme hautement valorisés,
Combien vaut ce temps de sensations puissantes, exacerbées par l’échéance,
Quant hier, tu maudissais ta condition d’homme trop doué et encombré de ressentir,
Te voilà dorénavant débutant volontaire pour sortir de ta tyrannique dormance ,
Et plonger tout entier dans tes sens, poussé par cette urgence, cet « avant de partir »,
Combien vaut le temps de ces êtres chéris démunis et courageusement présents à tes côtés ?
Mille sourires en offrandes à ta confiance ballotée entre ces lourds traitements,
Hier gentiment relégués au rôle de perturbateurs exigeants, intéressés,
Finalement promptes à honorer vos heures d’amitié de la plus essentielle valeur, par dévouement,
Dis, ton temps de vie vaut-il sérieusement selon le programme quotidien à l’affiche ?
Côté comme à la bourse, un jour au CAC40, le lendemain urgemment à vendre,
Et les minutes se défilent, sans plus de patience puisque tu t’en fiches,
Quand tu crois encore que ce temps vaut mieux quand avec toi, la vie s’offre tendre,
Elle te chuchotait pourtant à l’oreille combien le cœur connaît la valeur des choses, indifféremment de nature, ou pas, aimables,
Qu’une horloge est bien désuète face aux aveugles assourdis par leur propre absence,
Enfin, Tu pries le temps de t’accorder la générosité de chacun de ses instants et tu oses,
Ce soir, en t’endormant, différent dans cette nouvelle conscience, tu espère demain quelques secondes de jouissance inestimable,
Combien vaut ce sommeil durant lequel enfin, dans cette limite, elle et toi ensemble déterminés, tu t éveilles…
Véronique Briqué
Plume en balade poétique