
Me dit-elle, quand je renonce, dans la douleur de la perte,
Affligé, à cette idée cruelle, dans la menace crainte de la fin,
Révolté autant que lucide ; Puisque cela est, tout est correct,
Ce qui me traverse, quand bravement je ris ou me plains,
Puisque tu peux imaginer le pire, l’esprit renversé, en roue libre,
Une fois à terre, dépossédé, face à l’évidence de la disparition,
Tu sauras, un matin, que l’heure appelle un nouvel équilibre,
Tu lâcheras alors les résistances déguisées en maintes questions,
Oui, tu trouveras un moyen de te redresser et de nouveau respirer,
Autrement que pour le souvenir enterré qui aspirait ton élan de vie,
Mais en faveur de tous les autres, dans le cœur à jamais déposés,
Qui patientaient ton retour, prolongeant vaillamment ton sursis,
Ton rythme sera l’unique dont tu auras besoin pour te guérir,
Les uns, les unes, autour, parfois aidants, parfois pénibles,
Chaque parole offerte s’espérera la meilleure pour te soutenir,
Tel un transfert tant le sujet touche et affole les plus sensibles,
Tu retiendras cette nouvelle date qui deviendra lumière,
Permise d’éclairer non plus la tristesse et le renoncement,
Mais la grâce d’avoir partagé ces intouchables « jours d’hier,
Révélés, par leur nature intemporelle, à ton éblouissement,
Tu trouveras un moyen, me dit-elle, même amputé, de continuer,
Confiant dans la transition, vivant, balloté de profondes émotions,
Elles seront tes guides, suis-les sans les maudire ni les discuter,
C’est la Voie de la sage acceptation, la plus haute initiation,
Jouis sans réserve dans la folie et la joie,
Attache-toi si tu ressens que c’est beau,
Promets, pour l’amour, d’être toujours là,
Et détache-toi, droit, devant le tombeau,
Véronique Briqué
Plume en balade poétique