Elle ne sera jamais de trop, au regard de la Vie,
Pourtant, tu la retiens dans tes vertus tyranniques,
Bien agissant présumé, veule asservi,
Quand frôler la marge te plonge en panique,
Tu prétends atteindre au-delà des frontières,
L’abolition de la peur du qu’en dira-t-on,
Tout en progressant entre deux œillères,
Te gardant aveugle sur le large horizon,
Ces autres traversant ton quotidien asséché,
Sont tes inspirations autant que tes jalousies,
Tu as depuis si longtemps perdu la clé,
Du cadenas de tes rêves et fantasmes déjà moisis,
Quel vice intime t’empêche donc de tout renverser,
Le vieux fauteuil au tissu rapiécé, oublié dans un coin,
Les posters fanés, en pile de travers, poussière du passé,
Même ces beaux livres dont tu n’auras jamais plus besoin,
Où est-ce écrit que tu doives tout tenir dans tes bras,
Ne pas quitter des yeux ce que tu crois posséder,
Et t’oublier tel un rebut brisé dans un débarras,
Le ressort écrasé, la raison d’être méprisée,
Chaque seconde, l’univers te réclame dans ta folie,
Au service d’un monde de tous les possibles,
Tu es attendu sur la Lune, pour mille péripéties,
Ne cherche pas le contrat, tu es d’office éligible,
Tant de râles de regrets dans le dernier souffle de nos pairs,
Restent hélas sans effets pour les courageux vivants,
Il suffirait d’un presque rien pour tout envoyer en l’air,
Oser, toujours, saisir chaque courant, chaque vent,
Et tu es là, courbé, débordant de questions inutiles,
Ratant chaque départ de fusée vers les étoiles,
Traînant tes jours que la morne nostalgie distille,
La part des anges se noyant dans tes pensées triviales,
Puisqu’il paraît que tout est parfait, selon le Plan,
Et que les comptes se font dans la totalité, sans embarras,
Alors, je me ferai fantaisie pour deux, passionnément,
Puis un jour, comme ça, d’un air de rien, tu m’y retrouveras.
Véronique Briqué
Auteure de balades poétiques